Wetall, spécialiste des vêtements, chaussures, lits, vélos et tout produit et actus pour les personnes de grande taille vous propose aujourd’hui une interview exclusive de la voix officielle des JO au basket, Pierre Salzmann Crochet.

1/Qui es-tu ?

Je pense que ce qui fait que je suis interviewé, c’est que je suis speaker dans 3 clubs, plus All Star Game, Leaders Cup, JO et Jeux Paralympiques. Je suis aussi un homme comblé d’être marié, et un gros geek mais aussi et surtout un basketteur !

2/Combien mesures-tu et quelle pointure fais-tu ?

Je mesure 2,08m quand je suis en forme et bien droit ! Sinon un peu moins. Et je chausse du 51.

3/Quels sports as-tu déjà pratiqué ?

Le basket, bien entendu, sinon j’ai aussi fait du judo, de la boxe et un peu de volley mais j’étais nul et bien sûr footing, vélo et autres. Mais en club c’était judo, boxe et basket.

4/Comment t’es-tu retrouvé à faire ce métier ?

En ratant mes études 🙂 J’avais commencé des études de lettres que j’ai dû arrêter pour problèmes de santé. J’étais connu dans le basket caennais et calvadosien pour avoir une grande bouche, je m’étais fait remarquer à Tours pour avoir présenté les copains du basket lors d’un match. Et il y a eu un tournoi Quartier Ouest avec un bon niveau et il fallait animer ce tournoi et les autres speakers ont pensé à moi pour les raisons évoquées et car j’avais une bonne culture basket. J’ai aussi animé le tournoi de mon club. 

Puis les dirigeants de Douvres (5e division féminine) m‘ont proposé d’animer les matchs pour “20 balles et un kinder bueno”, ça s’est bien passé et ça m’a plu et quelques mois plus tard Alain De Senne, une des références de l’animation, qui a fait l’équipe de France, Strasbourg et Dijon n’avait plus de temps pour animer à Rouen et deux amis arbitres lui ont parlé de moi.

5/Peux-tu nous raconter ton expérience aux JO et aux Jeux paralympiques ?

C’est difficile de décrire ça en quelques mots. Une vraie belle aventure humaine, le côté engouement national et effervescence c’était ça on le ressentait au centuple sur place, on se balade dans le centre ville des matchs et ça parle toutes les langues, c’est magnifique. Belle expérience et j’ai pu animer avec Benjamin Clément qui est le plus grand pro de l’animation avec Vincent Royet aussi et on animait avec des speakers anglo saxon et australien. Notamment Mustapha Osben. Donc j’ai pu me professionnaliser encore plus. 

Le niveau global était dingue. On se retrouvait à 3-5m de joueurs pour qui on se lève la nuit. Comme Lebron, Jokic, Diana Taurasi, Lauren Jackson. On voit des joueurs de fou furieux et bien sûr nos français et françaises. Je me dis que j’ai réussi à rester professionnel et que j’ai littéralement fait partie de ça car comme tout basketteur on a rêvé des JO, de jouer sur des parquets d’Euroleague, le manque de talent et de santé m’a empêché d’en arriver là mais ce métier m’a permis de m’en rapprocher. 

L’ambiance était folle à Lille, du jamais vu. C’est quelque chose a vivre a tous les niveaux. ça m’a apporté beaucoup professionnellement mais surtout humainement. Et aussi en tant que fan de basket que j’ai pu interviewer Pau Gasol. Je lui ai dit littéralement “vraiment c’est un grand honneur mais en vrai en tant que français tu m’a fait pleurer plusieurs fois mais en tant que fan de basket c’est un honneur”. Même les américains sont très polis et abordables quand ils ne sont plus dans leur bulle, comme Brittney Griner qui a offert une bouteille de Dom Pérignon aux volontaires. 

Aussi, au niveau paralympique j’ai beaucoup aimé c’est qu’a la fin des JO les français attendaient les Jeux Paralympique pour poursuivre l’engouement, les salles étaient pleines et les ambiances folles et j’ai pu mieux connaitre le milieu et je peux dire que ce sont de vrais athlètes ! J’étais impressionné par leur adresse à trois points alors que moi je galère sur mes deux pieds ! Les matchs étaient très physiques chez les hommes et beaucoup plus tactiques chez les femmes. Pendant les 5-6 premiers jours des jeux paralympiques il y avait une odeur de brûlé dans la salle et on se demandait ce que c’était et il s’avère que c’était l’odeur de pneus brûlés sur le parquet ! Sacré intensité…

6/Quels sont tes projets futurs ?

J’ai repris la saison avec Caen en termes d’animation, Mondeville et l’Asvel, il y aussi des événements à gauche et à droite que je vais faire. Il y aura aussi des projets perso. Je suis bien content du pro donc les projets seront plus perso. Les prochaines échéances seront la saison 2024-2025 avec peut être le All Star Game et la Leaders Cup aussi l’Open de tennis de Caen.

J’arrive à jongler entre les animations aux matchs car ils ne se chevauchent pas ou peu, quand ça arrive je m’arrange avec les clubs pour voir ce qui est le mieux avec tout le monde.

7/Comment vis-tu ta grande taille ?

Honnêtement j’aime être grand, ça n’a pas toujours été facile. Le plus dur ça a été les problèmes de santé qui ont entrainé 13 opérations dans ma jeunesse. Mais j’aime plutôt être grand je ne vais pas non plus dire que tout est parfait,notamment voitures, transport en commun ou avion qui ne sont pas toujours faciles. Mais le fait d’être grand je l’ai toujours été ca ne m’a pas dérangé, c’est plus les problèmes de santé qui ont été problématiques. Mais moi j’ai l’impression que ça rend plutôt sympathique aux gens. Dans la rue, les gens qui ont besoin d’info viennent tout le temps me voir, je dois avoir une bonne tête. 

Après y’a le côté relou avec des gens qui viennent demander ma taille ou autre mais c’est jamais malveillant, donc je leur réponds et ça permet de lancer la conversation. Et je peux comprendre que c’est toujours relou ou que ça se met a pas voler très haut, comme quand on me demande s’il fait beau là haut. Les gens, arrêtez ! Ça n’a jamais été drôle ! Personne n’a jamais trouvé cette blague hilarante, à part vous même. J’apprécie l’anecdote tentante de Chamberlain et Jabbar. Alors que les deux basketteurs étaient dans un ascenseur, un type est rentré et à demandé s’il faisait beau là haut. Chamberlain lui a craché dessus et a dit “il pleut apparemment. En tout cas, je ne prends jamais mal les blagues. Et j’entretiens le cliché car oui je fais du basket. Moi je le vis bien malgré les légers tracas du quotidien.

8/Comment as tu vécu ta taille dans ta jeunesse ?

Dans la jeunesse du coup pareil, ça ne me déplaisait pas d’être grand et mes camarades ça ne les gênait pas, ni ma mère qui fait 1,58 m. Ça ne l’empêchait pas de me botter les fesses si je faisais des bêtises. Ce qui me déplaisait, c’était les problèmes de croissance et de malformation qui entraînaient des opérations lourdes. Et le fait d’être différent avec ma voix forte et mon côté indiscipliné donc j’étais de suite remarqué et c’était à gérer. Quand j’ai dû arrêter de suivre les cours et le sport  à cause de la santé je ne savais plus quoi faire de ma vie, c’étaient des moments pas faciles. Grâce à la famille j’ai pu surmonter tout ça et sortir la tête de l’eau.

9/Quels conseils pourrais-tu donner aux grands pour mieux vivre leur grande taille ?

Parfois c’est plus facile a vivre quand on est un homme pour qui c’est plus simple de trouver des vêtements et aussi l’intimidation des hommes petits de sortir avec des femmes grandes. Souvent ça rend sympathique aux gens. Les gens ne viennent jamais nous voir en parlant de notre taille méchamment donc je pense que parfois c’est pas facile a vivre, surtout pour les personnes de nature discrète. 

De toute façon on peut pas changer donc ça doit devenir une force. A carrefour on peut choper les produits des rayons du haut, on peut aider les gens. Dites vous que vous êtes plus proche de la lumière. Il faut voir le côté pratique et ça rend sympathique aux gens et c’est plutôt cool d’avoir ce côté sympa. Ma femme adore se refugier dans mes bras immenses. C’est aussi pratique pour faire des selfies, il faut voir toutes les qualités et les possibilités. Je suis pour arrêter de mettre les grands derrière sur les photos ! Il faut prendre les choses avec humour, certaines personnes ont vécu leur grande taille beaucoup plus difficilement que moi mais sur plein de choses ça peut aider et c’est une raison de donner un côté sympathique. 

Le fait d’être grand j’ai toujours vécu ça comme un avantage, ça fait toujours un sujet de conversation les gens viendront toujours nous voir avec sympathie. Il y a rarement de moquerie. Mais qu’on soit trop petit, trop rond ou trop maigre on aura toujours des moqueries. Même si c’est énervant quand on parle que de ça, comme le disait Wembanyama. Moi j’ai toujours senti la sympathie des gens autour de moi. On s’est plus moqué quand j’avais des problèmes physiques qu’à cause de ma taille. Je la considère comme une force et une ouverture à la sympathie des gens.

10/Que penses-tu de Wetall ?

Du coup, que ça fait une interview sur les meilleures personnes du monde, car les grands sont les meilleurs (second degré bien sûr). C’est bien de mettre en valeur et de proposer des solutions pour simplifier la vie des grands. C’est bien aussi de mettre ces personnes là en avant comme Fred Weis, si ça peut aider les grands c’est top d’avoir des exemples de réussite à suivre. Outre le fait de proposer des solutions c’est bien que tout le monde puisse s’identifier à des grands. Cette personne est grande comme moi et elle a réussi, donc je peux réussir. 

Merci à Pierre pour cette belle interview ! Si vous souhaitez le suivre sur les réseaux sociaux c’est par ici:

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